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Le rôle clef des micro-entreprises dans la filière attiéké en Côte d’Ivoire

Projet Profit Côte d'Ivoire - Agrisud

L’attiéké est une spécialité culinaire traditionnelle des habitants du sud de la Côte d’Ivoire à base de semoule de manioc fermenté. Majoritairement produit par une myriade d’unités artisanales tenues par des femmes, l’attiéké est désormais consommé dans l’ensemble du pays. La professionnalisation de ces unités pour en faire des micro-entreprises viables et la défense du foncier agricole face aux pressions de l’urbanisation permettent de faire reculer la pauvreté et contribuent à la sécurité alimentaire ivoirienne. Focus sur l’expérience pilote du village d’Adattié, dans la périphérie d’Abidjan.

Auteurs : Simon Baliteau, Agrisud International, responsable du programme Agriter, et Williams Irié Poin, Agrisud International, en charge du projet PROFIT en Côte d’Ivoire

Transformer le manioc sur des foyers trois pierres 

L’entreprise traditionnelle type produisant l’attiéké est constituée d’un capital rudimentaire : un foyer trois pierres brûlant de la biomasse, quelques bassines et une presse à vis difficile à manier. Le savoir-faire se transmet par voie orale d’une génération à l’autre. L’activité repose exclusivement sur de la main-d’œuvre féminine, essentiellement familiale, à qui est dévolue cette activité. Les rendements sont faibles, les conditions de travail sont éprouvantes, voire dangereuses (toxicité des fumées). Les marges sont très incertaines et maintiennent les familles vivant de cette activité dans la grande pauvreté. La pression foncière en zone périurbaine a aggravé cette situation : la réduction des surfaces disponibles pour la culture du manioc entraîne une hausse régulière de son prix qui représente les 2/3 du coût de production.

Dans un premier temps, les politiques locales ont favorisé le saut vers des unités semi-industrielles : regroupements d’une quinzaine de femmes dans des bâtiments neufs, équipés d’une broyeuse motorisée, d’essoreuses, de semouleuses et de foyers à gaz. Ce double saut d’échelle et de technologie devait permettre de satisfaire la demande nationale et un marché naissant à l’exportation.

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