Le financement est un enjeu crucial pour les entrepreneurs agricoles, leur secteur d'activité étant considéré à risques par les institutions financières. En République Démocratique du Congo, nous sommes allés à la rencontre de la banque panafricaine Ecobank pour découvrir comment elle contribue et accompagne la croissance dans ce secteur d'activité.
Entretien avec Jean-Baptiste SIATE, Directeur Général d'Ecobank RDC
1. Quel regard portez-vous sur la jeunesse congolaise ?
La République Démocratique du Congo est, avec une population de près de 107 millions d’habitants en 2021, l’un des pays les plus peuplé du continent africain.
Avec près de 60% des habitants qui ont moins de 20 ans, la population congolaise est caractérisée par l’importance de sa jeunesse. La jeunesse congolaise peut donc s’avérer être un moteur de développement pour le pays, elle représente un réel potentiel pour l’avenir du pays.
Chez Ecobank RDC, nous considérons la jeunesse congolaise comme un enjeu important pour la croissance économique du pays pour leur émergence sur le marché de l’emploi et vers l’entrepreneuriat. Les jeunes congolais sont porteurs d’une réelle dynamique d’innovation. Notre engagement auprès du Prix Pierre Castel démontre notre volonté d’accompagner cette jeunesse, afin d’être un acteur important de l’intégration des jeunes.
2. L’agriculture est un secteur à risque, comment votre secteur d’activité se mobilise-t-il pour soutenir une agriculture durable en RDC ?
L’agriculture est la filière la plus pourvoyeuse d’emploi en République Démocratique du Congo. Avec près de 80 millions d’hectare de terres arables et de 4 millions de terres irrigables, le potentiel du secteur agricole est considérable. Il est donc nécessaire de dynamiser ce secteur d’activité afin de le rendre encore plus attractif et rentable.
Cependant il faut en effet savoir que l’agriculture est un secteur très particulier, car il est au centre des grands équilibres géopolitiques et économiques mondiaux, nous le voyons d’autant plus important avec les conséquences de la guerre en Ukraine, et elle fait face à des phénomènes non moins maitrisables que sont les aléas climatiques.
Le secteur bancaire congolais a dans ce cadre un rôle très important à jouer dans le développement du secteur agricole du pays en développant des formes de financement et de couverture adaptés aux risques et au cycle spécifiques à ce secteur.
3. Quelle place occupe l’entrepreneuriat féminin en République Démocratique du Congo et quelle place souhaitez-vous lui donner ?
Le pourcentage de femme entrepreneure en République Démocratique du Congo reste encore faible mais nous remarquons une forte évolution ces dernières années. Et la tendance actuelle continue à être positive mais il y a encore beaucoup à faire dans ce domaine, et nous en avons conscience.
Chez Ecobank, nous avons lancé le programme « Ellever » qui est une plateforme visant à accompagner les entreprises dirigées par les femmes ou à forte présence féminine. Cette initiative panafricaine a pour objectif, en plus de renforcer les financements destinés aux femmes, de les suivre sur un volet non financier axé sur la formation, le coaching, la normalisation, la formalisation, et l’accès au marché, à travers des outils digitaux.
Par ce programme nous souhaitons renforcer la parité homme-femme, favoriser l’insertion féminin au monde entrepreneurial, à l'économie formelle et tendre vers une société dans laquelle les femmes joueraient leur rôle de participante à la création de valeur.
4. Quels sont les défis auxquels sont confrontés les jeunes entrepreneurs dans leurs recherches de financement ? Comment en améliorer l’accès ?
Afin de pouvoir obtenir des financements de la part des banques, nos jeunes entrepreneurs doivent être en mesure de mettre en place des projets viables et bancables. Ceci devrait permettre aux banques de mitiger les risques liés aux financements des jeunes entrepreneurs.
En RDC, à part les institutions bancaires, il n’existe pas suffisamment de structures adaptées à l’accompagnement des jeunes entrepreneurs. Je pense notamment à des fonds d’investissement, à la création de mentorat, à la présence de Business Angels, à la mise en place de venture capital (capital-risque) afin de supporter, d’accompagner les startups en général et les jeunes en particulier dans leurs projets.
Ainsi, afin de pouvoir aider nos jeunes entrepreneurs, nous proposons ; par l’intermédiaire de nos partenaires, une garantie permettant de couvrir les risques sur les crédits que nous accordons aux PMEs.
5. Quelle est pour vous LA compétence requise pour être un bon entrepreneur ?
À mes yeux, l’entrepreneur se doit d’être persévérant dans son projet. La détermination est la clé de toutes les réussites, et rien n’arrive par hasard. L’entrepreneur doit être le plus complet possible, il doit être créatif, imaginatif, organisé, rigoureux et passionné. L’entreprenariat est loin d’être une aventure facile, c’est un engagement de tous les instants. Enfin, il ne faut pas manquer de courage et d’ambition pour mener à bien un projet qui est souvent l’aboutissement d’une vie, et qui peut demander d’affronter la solitude, l’incompréhension, la dépression, le stress, ou encore le manque de sommeil. Les qualités attendues pour être un entrepreneur accompli sont transversales et ne peuvent pas se résumer à une simple compétence.